En situation d’urgence, la sécurité des personnes, de l’environnement et des biens est une priorité absolue. Toutefois, pour certains établissements spécifiques, cette tâche peut s’avérer complexe et nécessiter une organisation bien spécifique. C’est là que le plan d’opération interne (POI) intervient en tant qu’outil pour garantir une réponse efficace en cas de crise.
Sommaire
Qu’est-ce qu’un POI ?
Le POI est un outil opérationnel visant à faciliter la prise de décision en cas de sinistre. Conformément à l’article R181-54 du code de l’environnement, le POI définit les mesures organisationnelles, les méthodes d’intervention et les ressources nécessaires que l’exploitant doit mettre en place afin de protéger le personnel, les populations et l’environnement. Il couvre tous les types d’incidents susceptibles de se produire dans l’établissement, tels que les incendies, les explosions, les déversements de liquides, les dispersions atmosphériques de substances toxiques…
À quoi sert un POI ?
Le POI est un document officiel qui réunit toutes les informations nécessaires pour gérer une situation d’urgence dans un établissement spécifique. Il sert de guide aux personnes en charge de la gestion de crise afin qu’ils puissent prendre les décisions appropriées et mettre en place des actions efficaces rapidement. Il permet également de coordonner les différentes parties prenantes impliquées dans la réponse à une urgence, qu’il s’agisse des services d’urgence externes ou du personnel interne de l’établissement.
Quels sont les établissements concernés par un POI ?
Le plan d’opération interne est un document obligatoire pour les établissements classés Seveso seuil haut et seuil bas. Les sites classés Seveso sont des établissements industriels présentant un risque important de dangers pour l’environnement et la santé humaine en cas d’accident. Ils sont soumis à une réglementation stricte visant à prévenir et gérer les situations d’urgence.
D’autres situations spécifiques peuvent également nécessiter l’élaboration d’un POI, telles qu’un arrêté préfectoral ou ministériel spécifique pour toute installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) soumise à autorisation ou le stockage d’un volume important de certaines catégories de produits, comme par exemple, le papier.
Il est à noter que le POI doit être soumis à des tests et à des exercices au moins une fois par an, et doit être révisé au moins tous les 3 ans.
Comment est élaboré le POI ?
Une étude de dangers (EDD) doit être réalisée avant la création du POI et servira de base à son élaboration. L’étude de dangers doit être exhaustive, tandis que le POI se concentre sur la maîtrise des accidents « significatifs et représentatifs », tels que les incendies, les explosions, les épandages de produits liquides et les dispersions atmosphériques de substances toxiques.
Pour chaque type d’événement, il faut déterminer les modalités de détection, les moyens et l’organisation nécessaires pour prévenir ou limiter les accidents (extinction, confinement…), les possibles extensions de l’accident vers d’autres installations (effet domino), ainsi que les mesures permettant de réaliser les premiers prélèvements environnementaux des substances toxiques et des produits de décomposition en cas d’incendie majeur.
Que contient le POI ?
En tant que document de référence en cas de crise, il doit rassembler tous les éléments nécessaires pour détailler l’organisation, les mesures et les dispositions prises afin de limiter l’impact des sinistres. Pour ce faire, il est rédigé à partir des informations contenues dans l’étude des dangers, en particulier pour les scénarios d’accidents.
Généralement, le plan d’opération interne comprend les éléments suivants :
- Une présentation détaillée du site et de ses spécificités.
- Tous les plans pertinents, tels que les plans d’accès, les plans des niveaux, les plans des réseaux et l’emplacement du poste central de sécurité (PCS).
- L’organisation et la mise en œuvre de tous les secours.
- Les différents niveaux d’alerte et les moyens de communication à utiliser pour informer l’ensemble des personnes.
- Les scénarios d’accidents envisagés.
- La délimitation des zones à risque.
- Le responsable du POI et de son déclenchement.
- La définition du personnel qualifié chargé de mettre en œuvre le plan.
- Un tableau précisant les responsabilités des différents acteurs.
- Les lignes de conduite à suivre par le personnel.
- Les mesures d’atténuation et de remise en état en dehors du site concerné.
- L’organisation d’exercices de mise en situation.
Afin d’assurer l’efficacité du POI, il est essentiel de le transmettre au service départemental d’incendie et de secours (SDIS) et de le partager avec les différents acteurs impliqués dans sa mise en œuvre. Cela comprend les salariés internes, les salariés de l’entreprise de sécurité privée intervenant sur le site, ainsi que les éventuels sites environnants.
Qui décide du déclenchement du POI ?
Le directeur de l’établissement ou l’un de ses représentants déclenche le plan d’opération interne en cas d’incident. Si ce dernier a des répercussions au-delà des limites de l’établissement, ou s’il risque de les avoir, le préfet est alors chargé de mettre en place des plans plus importants tels que le plan particulier d’intervention (PPI). Ce dernier permet d’organiser l’intervention des forces de sécurité civile. Rappelons que le POI doit être régulièrement testé, au moins tous les 3 ans, et mis à jour dès que nécessaire.
Quels sont les effets d’un POI ?
En cas de crise, le POI permet une réponse rapide et efficace grâce à l’organisation préalable des secours et des mesures à prendre. Cela permet de limiter les dommages causés par l’événement et de protéger au mieux les personnes, les biens et l’environnement.
De plus, le POI peut également être utilisé comme outil d’amélioration continue en cas d’incident afin d’évaluer les mesures prises, d’identifier les éventuels points faibles et de mettre en place des actions correctives pour renforcer la sécurité à l’avenir.
En résumé, le plan d’opération interne est un document essentiel pour la gestion des situations d’urgence dans les établissements classés Seveso et autres sites à risques. Il doit être élaboré avec soin à partir de l’étude de dangers, régulièrement testé et mis à jour afin d’être efficace en cas de crise. Sa mise en œuvre peut grandement contribuer à la protection de l’environnement et de la santé humaine, ainsi qu’à l’amélioration continue de la sécurité des installations industrielles.