Avez-vous le sentiment que la France joue son rôle dans la lutte contre le changement climatique ? Il semblerait qu’elle avance à grands pas sur ce front. En 2022, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 2,7 %. Cette nouvelle prometteuse est-elle à mettre au crédit de la politique climatique du gouvernement ou d’effets conjoncturels ? Éléments de réponse.
Sommaire
Les chiffres du CITEPA
Le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (CITEPA) a publié son dernier rapport concernant les émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. Selon lui, la quantité émise en 2022 s’élève à 403,8 millions de tonnes d’équivalent CO2, ce qui représente une diminution de 2,7 % par rapport à 2021 où les émissions étaient de 414,8 tonnes de CO2.
Cependant, l’étude montre qu’il existe des différences entre les secteurs ainsi que des dépassements des limites réglementaires pour certaines substances polluantes dans l’air.
La diminution de la consommation d’énergie fossile est principalement attribuable au secteur des bâtiments (-14,7 %), qui a réduit sa consommation pour le chauffage en réponse à la politique de sobriété énergétique mise en place après l’invasion de l’Ukraine, la hausse des prix et un hiver doux. L’industrie manufacturière (-6,4 %), qui utilise du gaz pour ses usines, contribue également à cette tendance.
Rappelons que la France a promis de réduire ses émissions de 40 % d’ici 2030, mais elle doit maintenant viser une baisse de -55 % par rapport à 1990 selon les nouveaux objectifs européens.
Cette baisse ne permettra pas à la France d’atteindre ses objectifs
Cependant, bien que la baisse soit importante, elle ne suffit pas à atteindre les objectifs de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le premier objectif fixé pour la France est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 conformément à la stratégie nationale bas carbone (SNBC) lancée en 2015. Cela implique que les émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer d’environ 4 % par an dans les années à venir pour que le pays n’émette pas plus de gaz à effet de serre qu’il n’en capte. Malheureusement, le rythme actuel de réduction des émissions n’est pas suffisant pour atteindre cet objectif.
Ce rythme actuel ne permettra pas à la France de respecter les exigences les plus récentes de l’Union européenne (UE), qui demande que la France réduise ses émissions de 50 % par rapport à celles de 1990 d’ici 2030. Pour y arriver, il faudrait doubler le rythme annuel de réduction des émissions, pour atteindre environ -4,7 % en moyenne sur la période 2022-2030, selon les recommandations du Haut conseil pour le climat (HCC) en juin 2022.
Fin de l’effet rebond post-Covid
En 2020, les émissions ont diminué de 9,6 % en raison de la pandémie de Covid. En revanche, en 2021, les émissions ont augmenté de 6,4 % par rapport à l’année précédente. « On observe un retour à la baisse interannuelle des émissions avec la fin de l’effet rebond post-Covid-19 », rapporte également le CITEPA.
Les émissions de GES ont été relativement stables au début de l’année, mais ont diminué de manière significative au cours des trois derniers mois de l’année. Cette baisse est probablement due aux efforts de sobriété énergétique entrepris par le pays, ainsi qu’à une période automnale qui a connu des températures inhabituellement élevées.
Baisse des émissions de polluants
Le rapport du CITEPA montre aussi que les émissions de polluants atmosphériques : métaux lourds, particules, polluants acidifiants, polluants organiques persistants… respectent les objectifs de réduction fixés par l’UE dans l’ensemble, bien qu’il y ait eu une augmentation des émissions de particules dans le secteur des transports et celui de l’industrie manufacturière. Cette hausse est due en partie à la reprise de l’activité après la pandémie de Covid-19.
Hausse des émissions de CO2 dans certains secteurs
Il est important de noter que bien que les émissions globales aient baissé, certaines industries ont enregistré une augmentation, comme l’industrie de l’énergie qui a vu ses émissions augmenter de 4,9 % en 2022. Cette augmentation est attribuée à l’indisponibilité de plusieurs centrales nucléaires, car 21 réacteurs nucléaires sur les 56 présents en France étaient hors service à la fin de l’année 2021.
L’arrêt partiel du nucléaire a été causé à la fois par des opérations de maintenance et des fissurations imprévues. Pour compenser cela, il y a eu une forte augmentation de l’utilisation des centrales à gaz et parfois à charbon, qui sont particulièrement polluantes. Les émissions de gaz à effet de serre causées par le transport ont en outre augmenté de 2,3 %, ce qui montre une reprise après la baisse causée par la pandémie de Covid-19.
La Première ministre Élisabeth Borne a présenté une nouvelle feuille de route visant à atteindre 270 millions de tonnes équivalent CO2 d’ici 2030. La France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici 2030 par rapport à 1990, conformément aux objectifs européens, ce qui signifie qu’elle devra les diminuer deux fois plus rapidement qu’actuellement.